« Tartuffe » au TNP Villeurbanne
A l’occasion du 400ème anniversaire de la naissance de Molière, Macha Makéïeff donne sa version du « Tartuffe » d’abord interdit par Louis XIV avant de devenir l’une des pièces les plus connues et les plus représentées du célèbre chef de troupe.
Certes, à l’aune aujourd’hui des scandales sexuels dans l’Eglise, « Tartuffe » résonne singulièrement à nos oreilles.
Certes, les agissements sournois du faux-dévot manipulateur pour assouvir ses pulsions et ruiner, au propre comme au figuré, une famille entière en évoquent d’autres, familiaux, économiques et politiques bien contemporains.
Mais la langue résiste, et le fait de situer l’action dans un superbe décor vintage des années 50 n’y change rien.
Est-on ici devant un cabaret expressionniste grandiloquent orchestré par un gourou démoniaque ou devant une parodie de représentation d’« Au théâtre ce soir », seule lucarne ouverte à l’époque par le petit écran sur le théâtre, dont les personnages, pris dans l’étourdissant ballet des entrées et sorties à cour et à jardin, parlent une drôle de langue ? On hésite.
Il y a là dans un déluge de références esthétiques à Pasolini, à Bunuel, à Hitchkock et d’emprunts musicaux à Mozart comme à Malher ou Radio Head autant de noir que de rose, autant d’inquiétant que de burlesque, et l’on reste à vrai dire un peu en dehors de toute cette agitation, bien incapables de trouver le fil rouge de la mise en scène.
Reste à saluer les performances d’acteurs de Xavier Gallais, impressionnant en Tartuffe-Méphisto, de Jeanne-Marie Lévy, irrésistible dans le rôle d’une Madame Pernelle-Castafiore et de Pascal Ternisien dans celui de Flipote, la bonne, à tous égards inattendue.
A saluer quand même aussi le projet de Macha Makéïeff, louable mais trop boursoufflé non seulement pour redonner des couleurs à la pièce mais pour en proposer une vraie nouvelle lecture.
Marielle Créac’h
Jusqu’au 19 mars
TNP Villeurbanne
tnp-villeurbanne.com