« MON CRIME », une pétillante comédie de François OZON

« MON CRIME », une pétillante comédie de François OZON

La filmographie d’ Ozon alterne les « grands sujets » et des œuvres plus légères : ainsi « Grâce à Dieu »film grave sur le scandale des prêtres pedophiles a été suivi par « Été 85 » évocation légère des amours adolescentes.
« Mon Crime » succède à « Tout s’est bien passé », magistrale réflexion sur le droit de mourir dignement . C’est peu dire que les deux film sont différents : à la chronique émouvante des derniers jours d’un personnage singulier, inspirée d’une histoire vraie, s’oppose la légèreté d’une comédie
gentiment invraisemblable dans l’univers fantaisiste d’un Paris des années 30 . Un point commun cependant à ces œuvres si différentes : le plaisir manifeste que prend Ozon à les réaliser et la remarquable direction d’acteurs dont il fait preuve, poussant chacun d’eux, toujours remarquablement bien choisis, à donner le meilleur de son art !

« Mon Crime » donc, inspiré d’une obscure pièce écrite par deux plumitifs, bien oubliés, en 1934, se passe à Paris à cette époque . La reconstitution de la ville a demandé beaucoup d’efforts à François Ozon (et à son décorateur Jean Rabasse ) : il nous a dit avoir du aller chercher à Bruxelles la magnifique villa art déco, lieu du crime, et dans une rue de Bordeaux l’ambiance populaire qui était, avant guerre, celle du quartier de Marais , aujourd’hui si huppé ! Le résultat est tout à fait singulier : le film nous projette non dans le vrai Paris des années 30 mais dans le Paris que décrivait le cinéma de l’époque : pas de crise économique et de monté du chômage, ni de menaces fascistes et de prémices du Front Populaire, non , un Paris idéal où les filles sont belles et les voitures magnifiques et où même les misérables chambres de bonnes ont un charme poétique indicible.

L’histoire qui nous est racontée baigne dans le même irréalisme poétique que le décor : de coups de théâtre en rebondissements nous nous acheminons, sans soucis, vers un dénouement, forcément heureux. Comme dans un film de Guitry, en moins bavard toutefois !
Comme à l’époque ce qui fait le sel de l’entreprise c’est l’interprétation. Ozon à merveilleusement composé son casting : au cœur du dispositif deux jeunes premières, Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz, actrices encore à l’orée de leur carrière, (même si elles ont été, l’une et l’autre sélectionnées pour le Cesar du meilleur espoir féminin, titre qui échut au Nadia Tereszkiewicz !) . Autour d’elles une pléiade de comédiens chevronnés, d’Isabelle Huppert à Fabrice Luchini en passant par Dany Boon ou André Dussollier pour ne citer qu’eux ! Chacun se montre au mieux de sa forme sans doute à cause de l’ambiance « bienveillante et stimulante » qui régnait sur le plateau comme l’a dit Rebecca Marder à la présentation du film.

« Mon Crime » est une belle réussite, un excellent divertissement, dans la lignée des grandes comédies d’Ozon « Huit Femmes » et « Potiche » !

                                                                               Jean-François Martinon

Photo : François Ozon lors de la présentation du film à Lyon ( photo JFM)

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