Un homme de 45 ans, Pierre, médecin bien dans sa peau, marié et père de deux enfants, rencontre une autre femme, Shauna, en tombe amoureux et, non sans déchirement, quitte sa famille pour vivre avec elle . Quoi de plus banal, dira-t-on, c’est le lot de milliers de français aujourd’hui. Sauf que Shauna, brillante architecte, vivant seule, a 71 ans…
Scénario Invraisemblable, voir scandaleux, diront certains, oubliant que, très souvent, cinéma et TV nous ont débité l’histoire inverse : un bel homme aux tempes argentées séduit sans coup férir une belle femme mûre, de vingt-cinq ans sa cadette ! Et puis dans la vraie vie une telle aventure existe : la mère de Solvieg Anspach , réalisatrice inventive, hélas disparue en 2015 qui a été à l’origine du projet, a vécu, à plus de soixante-dix ans, une liaison durable avec un homme de vingt-cinq ans son cadet…
Reste que tout cela semble fort dramatique, d’autant plus que la maladie et la mort jouent leur rôle dans l’histoire. Drame sentimental et même mélodrame, ( Carine Tardieu assume le terme ! ) le film ne verse jamais dans la grandiloquence. Le récit, vif et rapide, évite les poncifs et les scènes convenues et manie habilement l’ellipse. La musique, légère et discrète, s’interdit tout sur-lignage ou effet pléonastique. Et, surtout, l’interprétation est d’une remarquable sobriété : jamais Fanny Ardent ( Shauna ) et Melvin Poupaud ( Pierre ) ne sur-jouent les émotions vécues par leur personnage, tout est exprimé par un geste, une intonation, un silence, et c’est ce qui donne crédibilité et profondeur aux personnages qu’ils incarnent. On n’oubliera pas de saluer, aussi, la remarquable performance de Cécile De France, bouleversante dans le rôle , mineur, de l’épouse de Pierre ni celle de Sharif Andoura, très convaincant dans le rôle de Georges, le copain qui fait se rencontrer les «jeunes amants ».

Tourné en partie dans la région lyonnaise le film est co-produit par Auvergne Rhône-Alpes Cinéma

Au total « Les Jeunes Amants » est un film attachant et réussi. Un film qui « nous donne de l’espoir, [qui]donne envie d’aimer, [qui] remet les pendules à l’heure » comme le dit Melvil Poupaud. Nul doute que Solvieg Anspach, à qui le film est dédié, aurait apprécié cette œuvre , concrétisation d’un projet auquel elle avait consacré ses dernières forces.

Jean-François Martinon

Photo : la réalisatrice Carine Tardieu, lors de la présentation du film à Lyon ( photo JFM)