Le Messie de Haendel à l’Opéra de Lyon, jusqu’au 2 janvier 2022
Nul besoin d’être croyant ou athée pour aller assister à la représentation du Messie de Georg Friedrich Haendel, incontestable chef-d’œuvre musical baroque d’un compositeur luthérien ! Cet oratorio composé pour solistes, chœur et orchestre fait son retour à l’Opéra de Lyon sous une forme théâtralisée et s’adresse à tous.
Comme en 2012, il est présenté au public lyonnais dans la mise en scène à peine modifiée de la britannique Deborah Warner et sous la nouvelle direction musicale de Stefano Montanari. Touche à tout internationalement reconnue, Deborah Warner réalise plutôt une illustration de l’oratorio de Haendel qu’une véritable mise en théâtre. Projections vidéo, peintures religieuses, accessoires du quotidien ou symboliques et interventions chorégraphiques composent un livre d’images parfois dénué d’intensité dramatique. C’est souvent beau pour les yeux mais trop rare en émotions. Et la distribution des solistes ne concourt pas toujours à soutenir une œuvre puissante qui ne traite de rien moins que d’une naissance mythique, d’une passion violente, d’une résurrection et d’une révolte à portée universelle.
S’impose cependant la direction d’orchestre de Stefano Montanari, précise et fluide, se tenant avec intelligence à distance de toutes les interprétations pompeuses de la partition de Haendel et s’appuyant subtilement sur le travail remarquable du chœur de l’Opéra de Lyon. Tous les choristes, physiquement et vocalement, participent magnifiquement aux instants où le Messie retrouve toute sa puissance dramatique.
Au final, ce spectacle mérite d’être vu par le plus grand nombre en se souvenant que le jour de sa première en 1742 à Dublin, Haendel fit distribuer une partie des recettes pour venir en aide aux détenus des prisons et aux personnels des hôpitaux et des œuvres caritatives.
Voilà qui fait écho à aujourd’hui, n’est-ce pas ?
Michel Dieuaide