« La peur » au Théâtre des Célestins à Lyon
Largement inspiré par l’affaire Preynat / Barbarin, le prêtre pédophile et le cardinal poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles dont il avait connaissance, François Hien écrit et met en scène une maïeutique théâtrale qui intéresse sans vraiment convaincre tant elle est imprégnée de catéchèse.
L’histoire est simple… ou presque !
Celle d’un gentil prêtre homosexuel (ce qui n’est pas rare mais ne constitue pas un crime) qui, apprenant sous le sceau de la confession qu’un de ses pairs s’est rendu coupable de viols sur enfants décide de le dénoncer, et avec lui son évêque coupable de complicité, puis renonce pour retrouver son ministère perdu à cause de son histoire d’amour illicite, puis se résoud finalement à les dénoncer tous les deux.
Deux heures de joutes verbales entre le prêtre et l’évêque, le prêtre et un adolescent victime, le prêtre et son amant marocain, le prêtre et sa sœur qui l’a recueilli sous son toit du temps de sa relégation sont nécessaires à la décision finale, le tout évidemment nourri par quelques références évangéliques indigestes.
On sort un peu perplexes de ce spectacle délibérément minimaliste dans sa forme (une grande table de bois évoquant la pauvreté d’une paroisse de campagne et un autel pour tout décor) qui fait davantage écho au malaise des prêtres privés de vie amoureuse qu’à l’urgence absolue de dénoncer quelques-uns d’entre eux, véritables prédateurs, qui ont ruiné de jeunes vies.
Reste à saluer les performances des acteurs : Arthur Fourcade, formidable dans le rôle du prêtre, empathique et présent sur scène de bout en bout, Estelle Clément-Bealem, seule lueur d’espoir tonique et drôle dans ce débat exclusivement masculin, , Marc Jeancourt dans le rôle de l’évêque et deux jeunes comédiens, Ryan Larras et Pascal Cesari, à suivre …
Marielle CREACH
Les Célestins.
Jusqu’au 5 décembre