« Hamlet » au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon jusqu’au 29 janvier 2022
A quoi ressemble une relecture contemporaine d’ « Hamlet », pièce-maîtresse du répertoire occidental qui a suscité tant de commentaires et tant mis à contribution la psychanalyse ?
Vous le saurez en allant découvrir au plus vite la version qu’en propose le collectif Kobal’t ces jours-ci au Théâtre de la Croix-Rousse.
En fond de scène, une bonne trentaine de spectateurs qui font face à ceux bourgeoisement installés dans la salle, pas de quatrième mur donc (référence maligne au Globe élisabéthain), et sur scène, dans un décor minimaliste, cinq acteurs pour incarner les principaux personnages de cette tragédie pour têtes couronnées quelques siècles avant Shakespeare au « royaume pourri » du Danemark.
A la fameuse question ontologique « Etre ou ne pas être ? », Thibault Perrenoult, metteur en scène et acteur qui excelle dans le rôle-titre, en répond une autre, brûlante : doit-on continuer à payer pour les crimes de nos pères, qu’ils soient intimes ou politiques ?
Un mode de jeu délibérément parodique qui emprunte parfois au grand guignol façon Hara Kiri, des voix saturées renchéries par une sono à certains moments assourdissante ne doivent pas masquer l’intelligence d’une nouvelle traduction contemporaine de Clément Camar-Mercier, la subtilité d’une mise en scène qui maîtrise parfois l’art de l’ellipse et l’énergie formidable d’une équipe soudée comme les cinq doigts de la main.
Mention particulière à Aurore Paris, seule femme de cette joute très masculine, qui, dans les deux rôles très assumés de Gertrude et Ophélie, parvient à émouvoir… sans rire et en silence !
Marielle Créac’h
Théâtre de la Croix-Rousse. Jusqu’au 29 janvier 2022