« Ce que j’appelle oubli » au Théâtre des Célestins de Lyon Jusqu’au 6 février 2022

« Ce que j’appelle oubli » au Théâtre des Célestins de Lyon Jusqu’au 6 février 2022

Les Célestins-Théâtre de Lyon, associé au Bateau Feu-scène nationale de Dunkerque et aux Aires-scène conventionnée de Die et du Diois, présente « Ce que j’appelle oubli », la nouvelle création de Michel Raskine.

Le texte de Laurent Mauvignier, publié en 2011 aux Éditions de Minuit, est une fiction librement inspirée d’un fait divers survenu à Lyon en 2009. Court récit d’une soixantaine de pages, il fait entendre les voix – d’un procureur, de vigiles, d’un frère, de femmes – de ceux et celles qui furent, pour le pire ou le meilleur, concernés par l’assassinat d’un jeune homme coupable d’avoir bu sans la payer une canette de bière dans un rayon de supermarché.

La qualité première du spectacle réside dans l’écoute de la langue implacable et acérée de Mauvignier, l’un des plus remarquables écrivains de la littérature contemporaine. Le quasi silence de celui dont la vie s’en va ajoute une intense émotion à sa tragique et gratuite fin.

Vient ensuite la rigueur de la mise en scène de Michel Raskine. La radicalité de la scénographie en est un élément essentiel : angoissante boîte noire, lumières chirurgicales, portique métallique mobile figurant l’entrée du hangar en cul-de sac où les vigiles achèveront leur victime, choix d’un recours à des percussions douces ou violentes, produites par des instruments, des canettes de bière ou le corps des acteurs.

S’imposent enfin les performances de Thomas Rortais (comédien) et Louis Domallain (percusionniste). Le premier développe avec une précision impressionnante la rage, l’innocence, l’incompréhension, le désarroi et la mémoire heureuse d’une existence bafouée. Insoutenable complexité d’un besoin de consolation impossible à satisfaire.

Le second, frère de fiction et de plateau, accompagne subtilement les étapes d’un calvaire en jouant de rares paroles et en construisant une partition musicale apaisée ou déchirante au rythme inexorable de la mort qui s’avance.

Né d’une rencontre fortuite avec un texte magistral, « Ce que j’appelle oubli » a toutes les qualités d’une rencontre nécessaire avec un public en quête de sens et d’émotions théâtrales fortes.

Michel Dieuaide

Les Célestins-Théâtre de Lyon

Jusqu’au 6 février 2022

www.theatredescelestins.com

 

 

 

 

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