Le public d’Avignon est sorti sidéré l’été dernier. Depuis, le choc se propage d’une scène à l’autre. Prochaine secousse annoncée au théâtre Charles Dullin de Chambéry les 18 et 19 mars où Phia Ménard est très attendue avec sa Trilogie des contes immoraux.

Inclassable artiste. Jongleuse, danseuse, performeuse, plasticienne, elle explore toutes les façons de mettre le corps à l’épreuve de la matière et des éléments. Quand les muscles se frottent au vent, à la glace, au déluge et aux objets qui se dressent sur sa route. Phia Ménard joue avec ses tripes, revendique un théâtre charnel qui se prend en pleine figure, laissant dehors bavardage et spéculations cérébrales. Tout sauf un théâtre de divertissement, mais au contraire une sorte de rituel à l’énergie dévastatrice pour réveiller les sens et les consciences.

Cette fois, il est question de l’Europe. Pas question pour autant de nous imposer la énième leçon d’histoire ou de géopolitique. Phia Ménard a une fois de plus fait appel à la matière et aux éléments pour nous faire partager sa rage. D’une crise à l’autre, le monde extérieur fait irruption dans son univers artistique. Sa compagnie était en plein confinement quand la création a germé. La voilà rattrapée une nouvelle fois par l’actualité avec la guerre en Ukraine.

Jacques LELEU

PHOTO : Phia Ménard ou l’art d’éveiller les sens et de réveiller les consciences. Photo  Yann Peucat