À l’origine il y a la B.D de Fabcaro, vendue à 180000 exemplaires, à l’humour décapant et décalé qui porte un regard acide sur notre société du spectacle.
Adapter ce livre-culte multi-primé était tentant mais difficile : Fabcaro emploie un style à case fixe, c’est à dire qu’il dessine la même scène dans plusieurs cases qui se différencient seulement par les phylactères : cette technique est plus proche de la radio ou du théâtre, où le dialogue est roi, que du cinéma, art de mouvement. De fait si les adaptations théâtrales furent nombreuses et précoces, il a fallut attendre plus de cinq ans avant que « Zaï,Zaï,Zaï,Zaï », paru en 2015, soit porté à l’écran.
Après une tentative avortée de Rebecca Zlotowski c’est François Desagnat qui mène à bien le projet.
Pour garder l’esprit et le mordant du livre il a fallut opérer de nombreux changements ( « tout changer pour que rien ne change » comme disait l’autre ) : ainsi le personnage principal, auteur de Bd dans la version papier, est logiquement devenu acteur comique à l’écran ! François Desagnat nous a dit que le pire écueil aurait été de faire un film à sketchs, il lui a donc fallut créer une continuité dramatique tout en respectant la narration elliptique de la BD.
Le résultat est tout à fait concluant : le film captive . On suit avec sympathie la fuite éperdue du malheureux Fabrice, héros naïf mais volontaire, perpétuellement dépassé par les événements, personnage nque Jean-Paul Rouve incarne avec une énergie désespérée tout à fait touchante. A travers les péripéties burlesques qu’il traverse on perçoit les petits et gros travers de notre monde d’aujourd’hui .
Décidément Fabcaro inspire le 7° art : nul doute que « Zaï,Zaï,Zaï,Zaï » trouve le même succès que « Le Discours », autre film inspiré d’un livre de cet auteur !
Jean-François Martinon
Illustration : François Desagnat lors de la présentation du film à Lyon ( photo JFM )
Retenez bien cette image : avec un peu d’attention vous la verrez partout dans le film !
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