Pour présenter son film à Lyon François Favrat a eut la bonne idée de se faire accompagner de deux responsable locaux des Compagnons du Devoir. ( voir photo )
Ils ont pu attester de la vraisemblance du film qui se déroule largement au sein de leur organisation.
En effet « Compagnons » raconte l’histoire d’une jeune fille de banlieue , Naëlle, marginale et au bord de la délinquance qui trouve un sens à sa vie grâce à son entrée en apprentissage chez les Compagnons du Devoir. Jolie petite histoire mais…. « N’est-elle pas un peu trop belle pour être vraie ? » demandais-je, mi-naïf, mi-septique, au réalisateur.
« Absolument pas, répondit-il, je n’ai pas prétendu que c’était une voie pour tous les jeunes de banlieue, beaucoup de copains de Naelle n’échappent pas à leurs problèmes, mais il est possible d’en sortir et l’aide des Compagnons est très précieuse.
Les deux professionnels confirment :
« Parmi les nombreux jeunes qui viennent chez nous beaucoup sortent de situations difficiles. Tous ne restent pas, certains n’arrivent pas à s’adapter au mode de vie réglé et exigeant qui est le nôtre, mais d’autres y trouvent ce dont ils avaient besoin. »
Donc acte : l’histoire du film est vraisemblable. Il faut dire que F. Favrat s’est appuyé sur une enquête de terrain avant son tournage, qu’il a établit des liens avec les jeunes d’un quartier défavorisé de Nantes, dont beaucoup ont été engagés pour jouer leur rôle dans le film et, bien sûr, avec les Compagnons qui lui ont ouvert leurs atelier et leur internat et qui ont accepté de nous montrer leurs cérémonies et leurs rites.
Le film y gagne une authenticité manifeste, un côté presque documentaire qui ajoute à sa crédibilité. Celle-ci est due aussi à la qualité de l’interprétation : associée au projet depuis l’origine Agnès Jaoui campe une « mère » de la maison des compagnons, chaleureuse et attentive, guidant avec douceur Naëlle vers la réussite. Pio Marmaï incarne avec autorité un maître de stage bourru mais bienveillant, exigeant mais empathique . Quant à Najaa Bensaid elle donne au personnage de Naëlle une force, un dynamisme impressionnant : à l’écran d’un bout à l’autre du film, presque toujours en mouvement, sans cesse entre révolte et découragement elle est une jeune fille d’aujourd’hui, complexe, vraie, bien loin des stéréotypes de « la fille de banlieue d’origine immigrée victime de la société ». Belle performance d’une jeune actrice, loin cependant d’être une débutante, puisqu’elle a débutée au cinéma en 2014 dans. « À 14 ans », un film d’Helène Zimmer.
On aurait tort de passer à côté de ce film modeste et attachant, fort bien réalisé.
Jean-François Martinon
Illustration : François Favrat, le réalisateur ( à droite ) et les deux représentants des Compagnons ,
lors de la rencontre de presse à Lyon. ( photo JFM )
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