Le 26 janvier le premier film écrit et réalisé par Sandrine Kiberlain sort sur nos écrans, il ne faut pas le manquer !
La « jeune fille qui va bien » du titre c’est Irène, une jeune juive de dix- neuf ans, dynamique et passionnée . Elle ne vit que pour le théâtre dont elle rêve de faire son métier, et pour l’Amour , avec un grand A, qu’elle est sûre de trouver bientôt. Elle sait – très fort – ce qu’elle veut et elle déploie, sans relâche, une énergie farouche pour l’obtenir. Ainsi elle invente quotidiennement de nouvelles intonations, de nouveaux jeux de scène, pour embellir l’extrait de Marivaux, qu’elle présentera au concours d’entrée au Conservatoire . Ou bien elle ne décourage pas un amoureux transi avant de l’oublier complètement – pauvre Gilbert ! -et d’inventer n’importe prétexte pour approcher et séduire le bel inconnu qu’un coup de foudre lui apporte.
Irène vit tout intensément, passionnément et tout ce qui ne concerne pas ses passions elle le repousse à la périphérie de sa vie . Elle est consciente de la chaleur de son entourage familial : de l’amour angoissé que lui porte son père, de la tendre complicité qui la lie à sa grand-mère et de l’affection bourrue de son frère. Elle sait aussi la dureté du temps : nous sommes en 1942, dans Paris occupé par les Allemands. Tout ça elle ne l’ignore pas mais elle le mets aux marges de sa vie, complètement vouée à ses passions : c’est grâce à elles qu’elle va bien.
Elle va bien, même si son corps , parfois, la trahit : il lui arrive de perdre connaissance inopinément. Si cela inquiète son père, elle, elle ne s’en émeut guerre, mieux ça lui suggère un jeu de scène pour améliorer encore son interprétation de Marivaux !
Elle va bien et donc arbore crânement l’étoile jaune que l’on impose aux juifs : rien ne diminue l’énergie intarissable qu’elle met dans chaque chose.
Si le film nous émeut tant c’est que nous, tout en partageant de manière emphatique les émotions d’Irène, nous connaissons la folie destructrice du nazisme et sommes, plus qu’elle, conscients des dangers qui la menacent.
Sandrine Kiberlain a, à l’évidence, mis beaucoup d’elle-même dans le personnage d’Irène, elle n’en a d’ailleurs pas disconvenu lors de la présentation du film à Lyon. Ce personnage c’est Rebecca Marder qui l’incarne, à la perfection ! Cette jeune actrice de la Comédie Française, à l’écran du début à la fin du film, nous offre une interprétation nuancée et subtile : elle EST Irène dans toute sa complexité, assumant naturellement, presque ingénuement, ses contradictions et ses outrances. Mais il faudrait citer tous les interprètes du film, dont beaucoup viennent du théâtre, ils sont tous excellents … et donc bien choisis et bien dirigés.
Pour rester dans le monde du théâtre on conclura en disant d’ « Une Jeune fille qui va bien » que « pour un coup d’essais ce fut un coup de maître » ! Et que nous attendons avec gourmandise la prochaine réalisation de Sandrine Kiberlain, à laquelle, nous a-t-elle dit, elle songe déjà !
Jean-François Martinon
Photo : Sandrine Kiberlain et Rebecca Marder.
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