Avec «  Suprêmes »  la réalisatrice Audrey Estrougo retrace la naissance , en 1988 du groupe de rap français «Suprême NTM » et le suit jusqu’à son premier concert au Zénith de Paris en 1992.

Si, comme moi, vous ignorez tout ou presque du rap français, le film est d’abord une source d’information sur ce mode d’expression des jeunes de banlieue, qui l’utilisent pour  exprimer leur mal-être et leur colère . Sans l’avoir prémédité les deux leaders du groupe , Joey Starr et Kool Shen, deviennent brusquement les porte-paroles de la révolte des banlieues, de nombreux jeunes se reconnaissant dans leurs textes violents et souvent provocateurs qui parlent dans leur langage de leur quotidien . Leur succès est fulgurant , leur triomphe au Zénith en est la preuve !

Si vous savez tout cela depuis longtemps «  Suprêmes » ne sera pas pour autant dépourvu d’intérêt pour vous . D’abord parce que le film est remarquablement fidèle à la réalité des années 90 et à l’histoire du groupe,  des connaisseurs me l’ont affirmé et Joey Starr lui même a donné son aval ! Ensuite parce que la réalisatrice ne se contente pas de  raconter une « succès story » musicale : elle fait d’abord un portrait attachant et sincère des protagonistes du film, en particulier de Joey Starr, un adolescent privé de sa mère et maltraité par son père, qui trouve dans sa bande de copains une sorte de famille et son premier auditoire. Et puis il faut souligner la justesse de l’interprétation : tous les acteurs, et d’abord Théo Christine et Sandro Funtek, qui incarnent Joey Starr et Kool Shen, sont remarquables de naturel et d’énergie, s’identifiant à leurs personnages jusque dans les scènes de concerts qui ont été tournées en « live ».

En résumé un film réussi à conseiller autant aux passionnés de rap …qu’aux autres !

Photo : Audrey Estrougo et Théo Christine lors de la présentation du film à Lyon.                  ( photo JFM )