Exposition peinture à Grenoble : Les lumières de Bonnard
On connaît le Bonnard des nus, des scènes parisiennes, des mimosas du Midi, on sait moins que le Dauphiné a compté dans la vie de l’artiste. Or, le peintre n’avait jamais fait l’objet d’une grande exposition dans la région qui a marqué sa jeunesse par son « vert paradis ». Le musée de Grenoble répare cet oubli le temps d’une rétrospective en 75 tableaux majeurs, accompagnés de dessins, affiches et photos qui permettent de mesurer toute la palette de ce créateur de lumières et de cadrages inédits qui ont marqué la peinture française.
Jusqu’au 30 janvier, voilà une occasion rare de (re)découvrir Bonnard grâce aux collections de Grenoble et aux prêts (dont le musée d’Orsay), qui permettent au visiteur de parcourir six sections comme autant de temps forts dans la vie de Bonnard. En commençant donc par les paysages isérois qui l’ont inspiré quand il retrouvait Le Grand-Lemps, dont son père était originaire. La visite se poursuit par l’évocation de Paris, « ville lumière » dans tous les sens du mot, tant son effervescence a enrichi la palette de Bonnard. On se rendra ensuite en Normandie, avant de prendre le temps de rêver devant les scènes d’intérieur. Elles témoignent d’un art de nous faire partager cette impression étrange « de voir tout et rien à la fois » quand on découvre une pièce, tant le regard se perd dans les détails. Bien sûr, ce sont les nus qui ont sans doute le plus marqué les admirateurs de Bonnard, maître du cadrage inédit et du point de vue inattendu pour donner au thème toute sa richesse. Témoin ce « nu dans le bain », avec une vue plongeante sur un corps inerte dans une eau aux couleurs inquiétantes et troubles. Terminons le voyage dans le Midi dont les jaunes et les teintes éclatantes ont donné à l’artiste une autre raison de remettre sans cesse sur le métier son ouvrage.
Jacques LELEU
A voir jusqu’au 30 janvier au musée de Grenoble.
PHOTO « Crépuscule », de 1892, prêté par le musée d’Orsay. Un des 75 tableaux exposés à Grenoble jusqu’au 30 janvier. Photo RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)/Hervé Lewandowski).
