« L’Espèce humaine ou L’Inimaginable » Au TNP-Villeurbanne
En grec ancien, le mot « évangile » signifie une bonne nouvelle. Dans le spectacle mis en scène et scénographié par Mathieu Coblentz, directeur du Théâtre Amer, la bonne nouvelle c’est la résurrection de Robert Antelme. Arraché au camp de Dachau par ses amis résistants, il retrouve la liberté grâce à Dionys Mascolo, amant consenti de son épouse Marguerite Duras. D’Antelme, auteur de « L’Espèce humaine », relatant son expérience de déporté, nous n’entendrons rien. Seulement ses balbutiements auréolés de son sourire retrouvé. Seuls les mots de Dionys Mascolo dans son essai « Autour d’un effort de mémoire » et de Marguerite Duras dans son récit « La Douleur » nous parviendront.
Dans une sombre atmosphère de requiem, ponctuée de quelques emprunts vocaux et instrumentaux à Mozart, le metteur en scène et les comédiens parcourent en funambules à la limite de la chute le difficile chemin du retour à la vie d’un homme qui a survécu à l’inhumanité du nazisme. Réapprendre à manger, à se laver, à marcher ou à s’asseoir constituent les épreuves douloureuses d’une renaissance à venir.
De cette création en forme d’évangile laïc, on retiendra la justesse et la pudeur des deux acteurs interprétant les rôles de Dionys et Marguerite, messagers de ce qu’il y a de plus précieux, de plus sacré : l’humain. En revanche, on restera quelque peu réservé sur l’interprétation du texte de Vassili Grossman, « Carnets de guerre ». Proféré comme un prêche monocorde, elle lasse d’un message pourtant indispensable aux nouvelles générations pour dénoncer les crimes des idéologies radicales.
Au final, « L’Espèce humaine ou L’Inimaginable » reste un spectacle engagé et nécessaire à voir en ces temps de paix fragile.
Michel Dieuaide
Au TNP-Villeurbanne jusqu’au 28 janvier 2023
billeterie@tnp-villeurbanne.com