Quand l’art entre à l’EHPAD de Saint-Baldoph ( Savoie) : Unique en France

Quand l’art entre à l’EHPAD de Saint-Baldoph ( Savoie) : Unique en France

C’est un centre d’art contemporain unique en France. Né en 2020 alors que le Covid mettait la culture en sommeil et réduisait les artistes au silence. Sauf des créateurs assez fous comme Valérie Mréjen, Mohamed El Khatib, artiste associé à l’Espace Malraux. En pleine pandémie, malgré les masques et les tests à répétition, ils ont poussé la porte de l’EHPAD de Saint-Baldoph, près de Chambéry. Ils ont montré que la vie continuait là où l’on pense que tant de gens ne font qu’attendre la mort.

Avant d’entrer, la façade de l’établissement donne le ton. « Retiens la nuit », « Ne me quitte pas », « Sous le soleil exactement ». Des titres de chansons placardés en grandes lettres noires. « Les artistes ont demandé aux habitants (ici, on ne dit pas résidents) quelle musique avait marqué leur jeunesse, » explique Pascale Quezel, l’un des piliers de l’Espace Malraux, qui a accompagné la création du LBO (comme Les blés d’or, du nom de l’Ehpad). Chaque mois, elle propose une visite guidée gratuite de ce « musée vivant » dans lequel on va de surprise en surprise.

Dans l’entrée, un grand juke-box en accès libre a été installé pour inviter à choisir ses chansons préférées. On découvre aussi de drôles de serpentins en tricots à côté d’une éponge sous-marine. « L’établissement est habité en grande majorité par des femmes, dont beaucoup ont appris à tricoter. D’où l’idée de créer avec celles qui le voulaient une œuvre utilisant cette technique ». Toujours dans l’entrée, un petit autel présentant des objets disparates est là pour rendre hommage aux résidents décédés.

COLLAGES, PHOTOS, VIDEOS

A chaque étage ses surprises. Comme cette grande vitrine dans laquelle chapelets, montres -et même un dentier !- sont autant d’objets trouvés dans l’établissement. Plus loin, deux baskets décorées de grandes ailes, accompagnées d’un très beau texte de Julien expliquant qu’il a voulu en offrir de semblables à sa grand-mère pour son grand départ. Originale encore cette idée de peindre à l’envers des tableaux retournés comme autant d’histoires ou de souvenirs racontés par les résidents. Sans oublier les collages, vidéos et photos comme autant de traces d’existences qui se racontent au contact des artistes.

Rien n’aurait été possible sans Clotilde Roger, la directrice de l’établissement, qui a su aussi convaincre son équipe de laisser entrer artistes et visiteurs. « Ce n’était pas gagné d’avance, rappelle Pascale Quezel. Il ne fallait pas que cette présence soit mal vécue par le personnel, les habitants et leur famille. Personne n’est obligé de participer aux ateliers artistiques. »

Elle ne cache pas son émotion en passant devant telle ou telle chambre. « Depuis que j’ai commencé, j’ai appris le décès de plusieurs habitants avec qui j’avais eu plaisir à échanger. C’est toujours dur à vivre. »

L’aventure des Blés d’or est suivie avec beaucoup d’attention par les autres établissements d’accueil des personnes âgées en France. Plusieurs se sont déjà lancés dans des expériences similaires.

     Jacques LELEU

-Prochaines visites guidées (gratuites) mercredi 1er février et mercredi 1er mars à 10h30. Inscriptions au 04 79 85 55 43.

PHOTO : Chaque mois, Pascale Quezel fait découvrir ce centre d’art contemporain unique en France. Photo J.L

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