GRENOBLE MC2, une nouvelle saison
Même pas peur. Arnaud Meunier aborde la nouvelle saison de la MC2 avec une fougue qui semble à peine fragilisée par la morosité ambiante. La remontée du Covid, l’inflation, le coût de l’énergie, le climat anxiogène lié à la guerre en Ukraine auraient de quoi saper le moral du directeur arrivé l’an dernier à Grenoble dans un contexte déjà difficile. C’était avant la décision de Laurent Wauquiez de baisser la subvention de la Région de 120 000 €. Des difficultés qu’Arnaud Meunier a rappelées mercredi dernier lors de la présentation des temps forts du premier trimestre, dans une maison de la culture dont il entend encore « rajeunir et élargir le public ».
« Nous sommes là pour susciter la curiosité et le goût de l’aventure », insiste le directeur d’un établissement qui s’apprête à accueillir près de 80 spectacles, dont 12 sont co-produits par la MC2. A commencer par « La vie est une fête », qui ouvrira la saison du 27 au 29 septembre. Une plongée dans les urgences psychiatriques proposée par Les chiens de Navarre, une des compagnies les plus décapantes du moment. On connaît le goût du metteur en scène Jean-Christophe Meurisse pour la provocation et l’humour ravageur. Comment oublier son repas délirant de Noël en famille dans « Tout le monde ne peut pas être orphelin » ? On se doute qu’il ne fait pas dans la dentelle avec sa nouvelle création.
Rire, mais aussi croiser les genres et les esthétiques. Arnaud Meunier affirme son goût des expériences transdisciplinaires comme dans l’aventure qui va associer des jeunes éloignés du monde culturel dans la préparation d’un événement lié aux JO de 2024, associant le sport, l’art et la culture. Une autre façon pour lui de « réconcilier l’excellence et l’éducation populaire ».
Une maison ouverte sur le monde. C’est aussi la volonté de l’équipe grenobloise en invitant des danseurs, plasticiens et circassiens brésiliens en résidence le temps de préparer deux créations : Le bruit des pierres et AfroKosmos. A l’heure où la Grande-Bretagne s’isole et s’enfonce dans la crise, la MC2 entend sortir des clichés pour porter un autre regard sur ce pays et ses artistes. Ce sera « Great UK ». Même curiosité revendiquée en accueillant « Adieu la mélancolie », mêlant le chinois et le français dans une création de Luo Ying et Roland Auzet (8 et 9 novembre).
« Plus que jamais, cette maison est la vôtre », insiste Arnaud Meunier. Souhaitons que cette saison de tous les dangers lui donne raison.
Jacques Leleu
PHOTO : « Nous sommes là pour susciter la curiosité et le goût de l’aventure », insiste Arnaud Meunier, directeur de la MC2, qui s’apprête à accueillir près de 80 spectacles cette saison. Photo J.L