Villerupt, située dans la partie de la Lorraine restée française après la guerre de 1870, connut jusqu’au milieu du XXéme siècle, une spectaculaire croissance liée à la production de fonte à partir de la «  minette »,  le fameux minerais de fer lorrain. Pour assurer cette expansion industrielle il fallait de la main d’œuvre, beaucoup de main d’oeuvre, et pour en trouver on fit appel à l’immigration, faisant venir dans la ville des familles entières d’italiens fuyant la misère puis plus tard le fascisme. Aujourd’hui encore beaucoup de villeruptiens et d’habitants des communes voisines ont des nom aux consonances italiennes et, même s’ils sont parfaitement intégrés, ils gardent un intérêt vif pour la culture et l’actualité de la Péninsule. Il est donc tout naturel qu’un festival du cinéma italien ait été créé et se soit développé dans cette région et qu’il fasse autorité !

Les propositions de cette 44éme édition sont extrêmement riches : 76 films,  de nombreuses avant-premières, une rétrospective Dino Risi, un ensemble de films regroupés autour du thème de «  L’Esprit de la Fête », et des rencontres avec de nombreuses personnalités.

Si l’on ajoute aux 15 films en compétitions une douzaine de films « hors compétitions »et la trentaine de titres de la sélection « Panorama », on a un aperçu quasi- exhaustif de la production italienne des deux dernières années, perturbées, là-bas comme ici, par la pandémie. Combien de ces titres seront montrés en France, quelle  place leur fera-t-on dans un paysage cinématographique particulièrement encombré par les films que l’épidémie a empêché de sortir en 2020 et  2021 et alors qu’une partie du public boude encore les salles obscures, nul ne le sait . Mais il est évident que le festival offre aux réalisateurs une occasion de montrer leur travail et, peut-être, d’attirer l’attention d’un distributeur. Autant dire que l’enjeu est d’importance surtout pour les auteurs encore peu connus dans l’hexagone    : décrocher un des prix peut être un visa pour une distribution française !

L’hommage à Dino Risi est l’occasion pour les cinéphiles de ( re)visiter quelques chefs d’œuvres de la comédie italienne, particulièrement en vogue dans les années 1960/ 1970 et de retrouver les grands acteurs qui ont tourné avec le réalisateur : Ugo Tognazzi, Victorio Gassman, Alberto Sordi mais aussi Bernard Blier ou Coluche pour les hommes, Ornella Muti, Agostina Belli , Léa Massari  mais aussi Catherine Deneuve ou Dominique Sanda pour les actrices :  la liste, loin d’être exhaustive, montre à quel point les lien sont    ( étaient ?) étroits entre les cinémas des deux côtés des Alpes. La sélection proposée à VILLERUPT fait la part belle aux titres des années 70 mais rend compte de la longue carrière de Risi  ( 24 films entre 1955 et 1991) , elle associe des titres très connus               ( «  Parfum de Femme », « Au Nom du Peuple Italien », « Le Fou de Guerre » ) et des œuvres moins célèbres ( «  Une Vie Difficile » ou «  Âmes Perdues ») ce qui devrait satisfaire à la fois le cinéphile averti et le néophyte curieux.

Avec le thème «  L’Esprit de la Fête » on se penche sur une manifestation très typique de l’art de vivre italien, à travers neuf films d’époque et d’auteur très différents . On me permettra de regretter que le grand Fellini manque à l’appel lui qui a si bien décrit des fêtes, souvent empreintes de mélancolie.

En dehors des projections le festival propose de nombreux événements : les cérémonies d’ouvertures et de clôture, bien sûr, ( elles seront diffusées en direct sur YouTube ! ) des expositions, de nombreuses séances de dédicaces, différentes journées de formation, et une journée pour les exploitants. En bref Villerupt sera vraiment, pendant une quinzaine, la vitrine incomparable de la production cinématographique transalpine dans notre pays, la capitale du cinéma italien en France.

Programme complet : www.festival-villerupt.com